Conférence dans le cadre du cycle thématique "Risques, Société et Sécurité" (R2S),
Pascal Marchand nous propose ici de revenir sur son travail d'étude des échanges entre négociateurs de forces de l'ordre dans des contextes réels de négociation de crise de type barricades, prises d’otages, terrorisme ou intention suicidaire à haut niveau de dangerosité.
Quel est l'apport des méthodes utilisées pour améliorer le travail de diagnostic des négociateurs ? En quoi ces travaux permettent de mieux cerner qui sont les individus, souvent radicalisés, auxquels les négociateurs sont confrontés ?
Date : 23 février 2017 à 16h
Lieu : auditorium de Maison de la Recherche sur le site de Neuville-sur-Oise
Public : ouvert à toute personne intéressées par la thématique "Risques et Sécurité"
Entrée libre
Présentation du sujet
La majorité des modèles qui rendent compte de la négociation policière en situation de crise extrême sont d’origine anglo-saxonne et se centrent, le plus souvent, sur le sujet ayant motivé l’intervention (forcené, retranché, preneur d’otage, suicidaire…) ou, plus rarement, sur le négociateur. La focalisation sur une dimension interactionnelle repose, d’une part sur l’histoire et l’apport des théories de la communication interindividuelle dans la compréhension des discours et de l’impact des messages, d’autre part sur les avancées méthodologiques et techniques les plus récentes en matière d’analyses automatisées des verbalisations.
Dans la lignée de travaux comme ceux de M.R. Hammer et R.G. Rogan, qui prêtent attention aux indices langagiers, nous envisageons la négociation comme un échange de parole dans une interdépendance relationnelle et dans un objectif de prise de décision qui préserve au maximum l’intégrité physique et psychologique de tous les acteurs. Dans cette perspective, on étudie les échanges dans des contextes réels de négociation, en France (RAID) et dans d’autres pays francophones, entre les négociateurs des Forces d’intervention de la Police Nationale, dans des contextes de barricades, prises d’otages, terrorisme ou intention suicidaire à haut niveau de dangerosité.
On cherche ainsi à objectiver l’échange, cartographier le vocabulaire, mettre en évidence des séquences formelles et fournir une aide au diagnostic, dans le but d'en tirer des éléments concrets et pour des objectifs de retour d'expérience et de formalisation des pratiques des professionnels de la négociation. A cette fin, le logiciel Iramuteq, développé par Pierre Ratinaud, permet de décrire et de cartographier la structure d’un corpus textuel et de définir des classes lexicales qui renvoient à des moments ou à des modalités de gestion de la crise. Au-delà de la négociation en soi, l’analyse des situations de crises extrêmes fournit des pistes de compréhension psychosociale et discursive des individus radicalisés et de leur rhétorique.
Pour tout renseignement, contactez l'organisateur : Julien Longhi, professeur en sciences du langage de l'université de Cergy-Pontoise
Laboratoires de l'UCP impliqués dans l'organisation de cette conférence : ETIS, AGORA, SATIE
Financeurs : Institut d'Etudes Avancées, université de Cergy-Pontoise et Université Paris Seine
Pour aller plus loin :
Article Améliorer la négociation de crise - Journal du CNRS, novembre 2016